lundi 27 juillet 2009

Feuillet d'automne




Tout vient vers nous :
nous n'allons pas vers rien.
Vers où pourrions-nous aller ?
Toute marche est une simulation,
un jeu anodin
ou une coutume inutile.

Tout vient vers nous.
Depuis la terre silencieuse,
depuis le ciel que nous voyons
ou depuis le ciel que nous ne voyons pas,
depuis les os qui nous soutiennent
ou depuis le sang qui nous enveloppe,
depuis le temps que nous tentons d'aggripper
ou les nœds de hasard qui nous effleurent.

Tout vient vers nous.
La forme sous laquelle nous naissons,
la pensée et les ombres,
l'esquille de chaque parole,
les silences que nous articulons,
le rêve qui dépouille la nuit
ou la nuit qui dépouille le rêve,
l'appel inconnu et sans destin
que nous adresse tout amour.

Tout vient vers nous
sauf peut-être cette figure muette
que nous formons avec une nuance de chaque chose
et qui peut-être se dresse en nous ébranlant
pour faire route à son propre compte,
pour venir avec tout ce qui vient,
bien que qu'elle ne vienne pas vers nous.

Roberto Juarroz; Douzième poésie verticale; trad. de Fernand Verhesen; La Différence [Orphée], Paris 1993; poème no 38

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